10.05.2009

Fremasonry in France

Comment la franc-maçonnerie, fondée à la fin du XVIIIe siècle, est-elle passée de la réflexion philosophique à l'action politique ? Quels rapports entretient-elle avec le pouvoir? Vastes questions, sur lesquelles ce film essaie de faire la lumière en adoptant un point de vue chronologique et en donnant la parole à des historiens, journalistes, hommes politiques et dignitaires des grandes obédiences.
Bardée de mystère, souvent méconnue, la franc-maçonnerie fait couler beaucoup d'encre et alimente les fantasmes sur son éventuelle influence dans le monde politique et la société civile. Fantasmes ou réalités.
Les francs-maçons s'emparent de questions politiques dès le second Empire, et c'est avec l'avènement de la IIIe République, en 1870, qu'ils connaissent leur âge d'or. Maires, avocats ou médecins, ils se regroupent alors dans des loges répandues dans toute la France, et imprègnent le territoire de leurs idéaux républicains. Deux fondateurs de la IIIe République, Léon Gambetta et Jules Ferry, sont d'ailleurs francs-maçons.
Entrés massivement à la Chambre des députés et au Sénat, les « frères » font adopter des lois sur des sujets de société discutés dans leurs loges depuis des années : loi du 29 juillet 1881 sur la liberté d'expression et la liberté de la presse ; législation rendant l'école obligatoire, gratuite et laïque pour les enfants de 6 à 13 ans, chère à Jules Ferry ; loi sur le divorce de 1886, défendue par Alfred Naquet, partisan de la séparation de l'Eglise et de l'Etat...
Dans les années 20, antimaçonnisme et antisémitisme vont souvent de pair, puis, alors que la crise économique frappe la France dans les années 30, les francs-maçons perdent de leur influence sur la vie politique. Cibles d'une loi de Pétain, ils mangent leur pain noir pendant l'Occupation : nombre d'entre eux meurent dans la Résistance ou en déportation. Au sortir de la guerre, le réseau des maçons est moribond. La franc-maçonnerie redevient très active dans certains domaines au cours des années 60, influençant par exemple le vote des lois sur la contraception et l'avortement. Le mouvement fait un retour en grâce sur l'échiquier politique dans les années 80, avec l'élection de François Mitterrand. Défenseurs de la laïcité, les francs-maçons essuient cependant un sérieux revers en 1983 lorsque le projet de ne plus verser d'aide publique aux écoles privées est abandonné face à la pression populaire.
Aujourd'hui, selon Sophie Coignard, journaliste, l'ordre s'étend aux milieux d'affaires et, selon Alain Bauer, ancien Grand Maître du Grand Orient de France, on compte 10 % de francs-maçons chez les parlementaires. Le pouvoir politique s'autorise à les consulter sur quelques sujets de société, à découvert. Plusieurs hommes politiques (Xavier Bertrand, François Baroin) ont certes accepté d'aborder le sujet dans ce documentaire, mais la loi du silence maçonnique semble encore avoir de beaux jours devant elle.