3.16.2009

The freemasons at the heart of the French state - II part


Lutte de pouvoir dans les entreprises
Carrière L'appartenance à la franc-maçonnerie fut une aide précieuse pour l'ex-ministre Renaud Dutreil.
Privé, public : l'auteur éclaire d'une lumière toute maçonnique la face cachée de nombre de décisions, conflits ou nominations. Le monde des affaires le plus libéral n'y échappe pas. Ainsi, dans la stratégie d'Antoine Zacharias, poussé hors du groupe Vinci, apparaît une subtile manoeuvre maçonnique: son avocat évoque à son encontre une "conduite de Grenoble", appellation d'une éviction chez les frères. Quand Augustin de Romanet, nommé à la tête de la Caisse des dépôts, veut modifier la direction de son établissement, il trouve sur sa route les frères de la maison. "Message général: les francs-maçons auront la peau de Romanet", raconte Sophie Coignard. Ils la rateront.
De même, elle détaille la longue guerre entre maçons et "indépendantistes" qui ravage le Crédit agricole durant les années 1980 : les premiers perdent, de justesse, malgré le soutien du nouveau directeur général, Jean-Paul Huchon. La banque verte multiplie, selon l'auteur, les affaires impliquant des maçons au sein du Crédit agricole : celle de la caisse de l'Yonne, toujours pas jugée, alors que plainte a été déposée contre le directeur en... 1993; celle de la Martinique-Guyane, achevée en mai 2008 par un protocole d'accord alors que son directeur devait 11 millions d'euros à la banque.
François Goulard, aujourd'hui député et maire (UMP) de Vannes (Morbihan), raconte à l'auteur comment, directeur général de la Banque parisienne de crédit, il fut "chassé" par le cabinet Progress, dirigé par un frère, pour rejoindre le Crédit agricole. On lui demande s'il est franc-maçon et, "même s'il perçoit que ce n'est pas très bon, est bien obligé de répondre par la négative". "Ils en ont préféré un moins bien que vous", lui annonce un peu plus tard le chasseur de têtes. "J'ai mieux compris lorsque Jean-Paul Huchon est entré chez Progress comme partenaire", conclut Goulard.
La police en "trois points"
Mais c'est au coeur de l'Etat que le système maçon est le plus à son aise. A commencer par la police. "Un moment très symbolique a marqué les esprits profanes, raconte Sophie Coignard. Lorsque le père du président de la fraternelle du ministère, qui regroupe tous les maçons qui ont pris le risque de se signaler ainsi, est décédé, le secrétaire général de la Place Beauvau a demandé au personnel d'observer une minute de silence. Rien de moins. L'histoire fait encore jaser aujourd'hui sur cette fameuse hiérarchie parallèle." Le jeune patron du syndicat de policiers Synergie confie aussi son expérience : "Je reçois beaucoup de lettres marquées des trois points, ou qui se terminent par "fraternellement", et certains me serrent bizarrement la main lorsqu'ils me disent bonjour." "Les commissaires eux-mêmes ne sont pas en reste [...] puisque, selon les estimations, 1 commissaire sur 4 est franc-maçon. [...] "Tout le monde parle de la proportion de francs-maçons chez les commissaires, plaisante l'un d'entre eux. Mais personne ne s'est jamais interrogé sur ce ratio chez les contrôleurs généraux, le grade supérieur. Là, je pense qu'on tourne à plus de 50 %.""
La justice est un autre champ d'influence labouré par les initiés. Il y a pourtant une contradiction évidente entre le serment des magistrats, qui exige de "garder religieusement le secret des délibérations", et celui des francs-maçons, où la solidarité entre frères doit passer avant tout. Mais rien n'y fait, comme l'établit Un Etat dans l'Etat : "Tout le monde, dans le petit milieu parisien de la magistrature, tient pour acquis que l'ancien et l'actuel président de la cour d'appel de Paris, Jean-Marie Coulon et Jean-Claude Magendie, de même que l'ancien président de la Cour de cassation, Guy Canivet, sont familiers des loges. Pourquoi ? Parce que plusieurs membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) ont, pour ces hautes nominations et pour d'autres, éprouvé le besoin d'en parler.
Le CSM est divisé en deux formations distinctes, l'une compétente pour les magistrats du parquet, soumis à la hiérarchie de la chancellerie, l'autre pour ceux du siège, réputés indépendants et inamovibles. "Selon moi, les maçons sont majoritaires dans la formation chargée du parquet et moins nombreux dans celle du siège", évalue l'un de ses membres, auquel il est arrivé une curieuse expérience. "L'un de mes amis, qui l'était, m'assure un jour qu'un collègue, dont le dossier devait passer bientôt devant nous, serait nommé à tel poste dans telle ville. Je me montre sceptique, car chaque candidat a fait plusieurs demandes. Le jour venu, je fais exprès d'insister pour explorer d'autres possibilités que le poste et la ville choisis d'avance, selon mon ami. En pure perte : le passage devant le CSM était en fait une formalité. Tout était écrit d'avance." Premier président de la cour d'appel de Versailles, Vincent Lamanda posa sa candidature au CSM, en 2002, avec un argument fort : "Je ne suis pas franc-maçon." "Personne n'a voulu aller contre, de peur que ce soit interprété comme un aveu d'appartenance", s'amuse un des participants au vote.
Le culte du secret se retourne rarement, ainsi, contre les intérêts de la franc-maçonnerie... Sophie Coignard raconte comment, à Bordeaux, la liste des membres d'une loge, saisie lors d'une perquisition, est arrivée sous les yeux d'un journaliste de Sud Ouest. Celui-ci eut "une idée aussi simple que décapante : il a appelé les personnes mentionnées pour leur demander si elles appartenaient à la franc-maçonnerie. "Succès garanti, raconte-t-il. A l'autre bout de la ligne, j'ai eu droit soit au silence, soit à des dénégations indignées, soit à des borborygmes inintelligibles. Et, au bout d'une demi-heure, j'ai vu débouler successivement deux confrères qui m'ont demandé ce que je faisais exactement comme enquête"".
La franc-maçonnerie n'en finira pas avant longtemps de livrer ses secrets, même si elle renonce au secret. Organisation humaine, elle ne peut être qu'imparfaite, mais se doit d'être exemplaire, donc transparente, au nom même de son engagement humaniste. Laïcité, bioéthique, régulation du capitalisme, établissement d'un droit mondial...
Les thèmes à débattre aujourd'hui ont besoin des travaux des maçons. Par chance, les volontaires affluent, poussés vers les loges par la crise des idéologies, le déclin ou le durcissement des religions et les déceptions politiques. En témoigne ce vétéran de la franc-maçonnerie francilienne, qui se réjouit d'avoir vu récemment initier un cadre d'Air France âgé de 26 ans, un dentiste de 27 ans et un employé de la DGSE quadragénaire.
Cette nouvelle génération de frères sera-t-elle celle de la transparence ? Pour la bonne tenue des affaires publiques, mais surtout pour l'avenir de la franc-maçonnerie elle-même, il faut que les "fils de la Lumière" acceptent enfin d'apparaître au grand jour.

1 comentário:

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